Pentacle tête en bas, dans le vent de la Rose,
Qu'évoque ton symbole étoilé à l'envers,
Dont le sommet descend et inspire ces vers,
Reflétant sur ses pieds un message grandiose?
Est ce un signe païen en ce lieu qui impose
Au credo cathédral, dans un dessein pervers,
Le visage esquissé d'un obscur univers,
Enluminure impie et sacrilège prose?
Non pas, c'est simplement notre idéal humain
Qui se relie ici au monde souterrain,
Que peuple aussi la vouivre ou l'intime chimère.
Quand mi-ange mi-bête, nous cherchons le chemin,
Nous voyons ce vitrail illustrer sibylin
Le destin ambigu d'une vie éphémère.
Proyart le 04/11/2020
Sous le pinceau la toile est un espace plan
Un châssis étriqué qu'encadre une frontière,
Un possible infini au sein de la matière,
Une vierge à couvrir au creux d'un coton blanc.
Or voici que la Muse en caresse le flanc,
Que l'esprit la féconde incarnant la lumière.
Alors l'espace explose, et l'âme prisonnière,
Esquisse dans ce vide un fantastique élan.
Ce n'est qu'une illusion, un trompe l'oeil habile,
Constate en double aveugle une raison stérile,
Sûre que naît l'émoi dans l'influx du cerveau.
Artiste je me vis à un autre niveau,
Qui fou se plaît à peindre un rêve en perspective,
Dans plus de dimensions et vers une autre rive.
Proyart le 18/02/2021
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Rêve vertigineux d'espace vertical
Illusion du réel que le concret condamne,
Comme un juge en prison dans sa dimension plane,
Inapte à dépasser son univers local.
Espoir d'un horizon autre qu'horizontal,
Hors plancher réducteur de la raison profane,
Attirant vers le ciel quelque aile diaphane,
D'un Icare échappant à son destin fatal.
Voilà donc les besoins d'un coeur qui ne peut taire,
Le bonheur ascendant, plus noble et salutaire,
Que le reflet stagnant d'un froid marais mental.
Venez vous envoler, c'est extraordinaire,
Retrouver au sommet la force millénaire
Qui redresse l'humain dessus son piédestal.
Proyart le 04/01/2021
La verticalité qu'on aime à rendre obscure
Echappe à la raison qui ne la comprend pas.
La science la voudrait réduite et mise au pas,
N'y voyant qu'illusion et vile forfaiture.
Elle est pourtant sacrée et noble architecture,
C'est un guide une carte un sextan un compas
Une nef élancée au delà du trépas,
Gothique élévation que l'élan transfigure.
Se dressant comme flamme au travers de la nuit,
Son axe est la chaleur où la tiédeur s'enfuit
Et qui brûle de sens d'envie et d'aventure.
Elle monte en douceur et jamais ne détruit,
Dessinant le respect dans un rêve construit
Plus haut que l'horizon du dogme dictature.
Proyart le 29/10/2020
Les trois porches sculptés en un texte imagé,
Statuaire splendide, ont des courbes caudines,
Forçant le mécréant sous le joug des doctrines
A incliner le front au gré de son clergé.
Par ces têtes en rang, je me sens dérangé,
Tableau figuratif aux scènes célestines.
Tout y est asséné en vérités divines,
De lampe pas un cul ne peut être changé.
Heureusement la haut, s'épanouit la voûte,
Où se vit l'harmonie en un credo qui doute
Car il n'est plus qu'émoi, indicible beauté.
Dans cet élan sacré, alors s'ouvre la route,
De l'esprit en recherche et de l'âme à l'écoute
Aimant la tolérance et la diversité.
Flic en Flac le 30/03/2018
Car
Quand le temps coule lent, d'un larmier chancelant,
Quand le porche est impasse où se casse l'espace,
Les chimères du ciel ont un air de rapace
Et des gargouilles tombe un sanglot désolant.
La muse est fatiguée et boude le talent.
Pas de goût ni d'ardeur, de gaîté ni d'audace,
L'espoir est condamné à vivre à contumace
Et l'artiste sans art déprime nonchalant.
Mais voici que la pierre et la voûte qu'il trace
Elève son humeur où fleurit la rosace,
Et où l'arc au sommet lutte, contrebutant.
Le remplage s'inscrit, quand la haute verrière
Fait éclater la joie en offrant la lumière,
Au peintre qui renaît dans le jour débutant.
Le Touquet le 10/02/2018
Quand le mystère hantais jadis le merveilleux,
Avant que naisse un siècle ébloui de lumière,
Quand dans l'obscurité, la vérité première,
Offrait à l'âme humaine un éclat silencieux.
Quand la voûte montait vers le plus haut des cieux
Sa pierre arrondissant la rose vitrière,
Sous l'ogive, à genoux s'élevait en prière
Des maçons bâtisseurs l'élan prodigieux.
On oublie à présent, car incompréhensible
Cet étonnant discours de leur âme sensible
Qui commandait encore hier à la raison.
Tel un musée alors trône la cathédrale
Dont les touristes font des clichés en rafale
Et des selfies aussi sans la moindre oraison.
Proyart le 10/03/2018
Au delà du réel, au delà du concret
Et du figuratif où s'applique la science,
Il se peut qu'un ailleurs, du fond de la conscience,
Eveille notre coeur et lui parle en secret.
La raison ne l'entend car son verbe est discret,
Mêlant l'intuition, l'émoi et la nuance,
Il est de tout vécu l'indicible expérience,
Le chant de l'opéra et non pas son livret.
Moins dessin du tableau que lumière et présence,
Moins la rime et le pied que du vers la substance,
Moins la carte des lieux que l'intime trajet.
Quand cet indéfini nous parle en confidence,
Il est l'art et la vie, une oeuvre qu'on agence,
Un ailleurs merveilleux et céans mon sujet.
Proyart le 01/09/2019
Tel un cri entêtant douloureux et acide
Ce gris bleu peint céans résume mes émois
Qu'affadissent les mots même en justes emplois,
Car jamais l'adjectif au vécu coïncide.
Nos sens sont enfermés dans une chrysalide
Dans une grotte sombre, entre quatre parois.
Sur le mur éclairé, une ombre quelque fois,
Evoque un papillon battant l'aile splendide.
Lors pour communiquer à ce monde au dehors,
Mes chagrins mes désirs mes amours mes remords
Je dois sculpter les sons et décliner la rime.
Pourtant en écrivant l'angoisse et le sublime,
Je ne peux qu'esquisser car l'intime est retors,
De mon âme l'aigri et les bleus de mon corps.
Proyart le 12/07/2020
Forteresse de foi et grand voilier d'hier,
De Samarobriva l'élégante balise,
Exerçant sur nos coeurs une harmonieuse emprise,
Elevant son printemps au milieu de l'hiver.
Son front comme falaise effarouche la mer,
Et le soleil couchant sur sa façade avise,
Fait rougir dans la craie une biblique frise,
Entre deux phares blancs qui transmutent l'éther.
Mais son corps cruciforme est tendu vers la proue
Et entre ses piliers sous la voûte s'ébroue
Comme un cri silencieux qui ouvrirait la nuit.
C'est au chant des Waidiers une vierge qu'on loue,
C'est l'aube qui jaillit, l'absurde qui échoue
Et c'est en perspective un sens qui se construit.
Proyart le 17/12/2017
La cathédrale naît d'un monde mystérieux,
De parents Parthénon, dolmen et pyramide,
D''un lieu où le chrétien reçoit l'onction du druide,
Et le Dieu du trumeau l'apport des autres dieux.
Or dans cette synthèse, unique sous les cieux,
Où c'est le nombre d'or qui en mètre préside,
La pierre se transmute en une âme splendide,
Dont l'élan se nourrit d'un espace harmonieux.
Le credo s'associe aux forces telluriques,
Et l'art des bâtisseurs aux règles alchimiques
Pour former du grand'oeuvre un Graal glorieux.
Dans cet oecuménisme et qui nous mène à Rome,
Se crée un égrégore, une psyché en somme,
Esprit philosophal et métal religieux.
Proyart le 21/12/2017
Est écrit dans la craie, aux champs de Picardie,
Où la waide poussait, azurant le ciel gris,
De huit siècles le texte, harmonieux et concis,
Qui sculpte la beauté en une mélodie.
Sa Bible rend du sens à l'âme abâtardie,
Qui ne voit que l'absurde et ses salmigondis.
Son art forme la langue au goût de paradis,
Quand l'humble bâtisseur à l'oeuvre se dédie.
Au pays de l' avoir, tout temple est superflu
Et dont l'être jaillit, comme un malentendu
Objet irrationnel, né de l'obscurantisme.
Et pourtant Notre Dame, animant la cité,
Domine encore Amiens de son autorité,
Balise salutaire empreinte d'héroïsme.
Proyart le 23/12/2017
La rime est le voûtain qui rythme ici la phrase,
Cherchant à suggérer l'émoi plus que les mots,
Et la répétition structurant l'art des goths,
Est de la scolastique un élément de base.
Le poète cimente au mortier de l'emphase,
Dans la pierre sculptant quelques sonnets vieillots,
Geste de troubadours ou de fols camelots,
La voûte de ses vers aux piliers de l'extase.
Douze pilastres font un bel alexandrin
Et le chevet d'Amiens, s'ouvrit comme un écrin,
Bien avant que Ronsard n'ait célébré la rose.
La flèche offre sa pointe à la fin du tercet,
Les boutants contrebutent en surlignant l'effet...
Et la façade au soir d'un rougeoiement s'arrose.
Proyart le 27/12/2017
Notre-Dame est debout jusqu'au pied de la croix
Comme une cathédrale et une allégorie,
Comme à la crèche hier et se nomme Marie,
Mais en pierre aujourd'hui dans le ciel amiénois.
Le portail est immense , et les goulets sont trois,
Pour atteindre l'ailleurs et la géométrie,
A travers un passage où la chair est meurtrie
Labyrinthe initial, source de nos émois.
Ce labyrinthe s'ouvre, fabuleuse filière,
Qui révèle soudain un sens pour le regard
Où incarne la vie au delà du hasard.
Ici tout est serein et verticalité,
Amour, foi,, espérance en l'immortalité,
Et Notre Dame alors fait naître la lumière.
Proyart le 27/12/2017
Près du fleuve assoupi, comme horizon picard,
Cette Dame au chevet qui règne verticale,
Estompant de beauté sa rigueur cléricale,
Invite vers le haut à lever le regard.
Ce sommet culminant du Waidier campagnard
Est du bleu dans le gris de la plaine morale,
C'est le gloire d'un lieu, d'Amiens la cathédrale,
Offrant au pèlerin son sublime étendard.
Dedans ses proportions, le nombre d'or préside,
Et ici la raison reste fille d'Euclide,
Pourtant cette rigueur échappe à toute loi.
S'ouvrant à l'intérieur en univers splendide
L'espace est si profond, qu'il en remplit le vide
En ciselant la nef, le choeur et notre l'émoi.
Le Touquet le 14/O1/2018
Monotone l'automne où le temps rétrécit,
Où la nuit et le vent emportent l'espérance,
Où s'égare la vie absurde dans l'errance,
Où s'épuise le feu qui s'éteint interdit.
La tristesse remplit d'obscurité l'esprit,
Qui prépare un hiver glacé en l'occurrence.
Alors il vient fermer le huis de l'apparence
Et garder sa façade, hors de ce froid maudit.
Puis il 'ouvre un chantier, concret mais virtuel,
Perspective où bâtir un mental personnel,
Et où l'oeuvre permet la victoire morale.
Se trace un édifice, harmonieux essentiel,
Dont les traits verticaux regardent vers le ciel...
Et le rêve aboutit à une cathédrale.
Le Touquet le 21/01/2018
Vois jouer le soleil dans la maîtresse vitre
Et du verre l'éclat, changer avec les jours,
Regarde la rosace éclairer ses contours
Et se dorer plus bas les stalles du chapitre.
Vois cet antiphonaire où s'égare l'épître,
Quand l'ombre du remplage affirme aux alentours,
La relativité, des écrits, des discours,
Des doctrines des lois, des sciences et de la mitre.
Ainsi la vérité, change avec la couleur,
Et c'est dans l'incertain qu'elle acquiert sa valeur,
Dans le flou, l'imprécis où s'estompe le doute.
Variable ici bas est la feuille de route,
Tel l"éclat d'un reflet variant avec le jour
La lumière jouant au dogme un sacré tour..
Proyart le 24/01/2018
Quand les temples se vident au pays de l'avoir,
Et que l'être ignoré est réduit en matière,
Quand l'art indésiré échoue au cimetière,
Des saisons en série où se perd tout savoir,
Quand l'algorithme rythme et conquiert le pouvoir,
Numérisant la vie et forçant la frontière,
Qui donnait à l'humain sa liberté altière...
Quand le risque zéro, remplace le devoir,
Il reste ce témoin, ce vieux géant debout,
Qui porte haut le ciel de ses longs bras, au bout,
Et lance de ses arcs, sa flèche métaphore.
Pénétrons dans sa pierre et dans l'âge moyen,
Cachant le merveilleux d'un univers ancien...
Car dans le choeur d'Amiens, la voûte prie encore
Le Touquet le 28/01/2018
Partout dans l'univers, vient sourdre la conscience,
Qui coule en l'animal et dedans l'eau qui dort.
Elle emplit l'arbre vert et même le bois mort,
Et l'onde du photon est de la même essence.
La pierre a comme l'homme, une âme qui le pense,
Mais qui point ne s'exprime à moins d'être support,
D'un message artistique, en grès de contrefort,
Une Bible d'Amiens lui offrant l'éloquence.
Or un sens apparaît, ici à l'évidence,
Qui déclinee hors du temps,les phrases d'un discours,
Dont les gothiques mots se tracent aux alentours.
Tout vibre en même accord et rime en assonance,
D'une même harmonie orientant nos jours.
Les voûtains le répète en arquant leurs contours.
Le Touquet le 30/01/2018
Quand le temps coule lent, d'un larmier chancelant,
Quand le porche est impasse où se casse l'espace,
Les chimères du ciel ont un air de rapace
Et des gargouilles tombe un sanglot désolant.
La muse est fatiguée et boude le talent.
Pas de goût ni d'ardeur, de gaîté ni d'audace,
L'espoir est condamné à vivre à contumace
Et l'artiste sans art, déprime nonchalant.
Mais voici que la pierre et la voûte qu'il trace,
Elève son humeur où fleurit la rosace,
Et où l'arc au sommet, lutte contrebutant.
Le remplage s'écrit quand la haute verrière
Fait éclater la joie en offrant la lumière
Au peintre qui renaît dans le jour débutant.
Le Touquet le 10/02/2018
La cathédrale a froid, géante solitaire,
Donnant cette impression glaçante d'un tombeau
Où malgré ce sommet indicible du beau
Dedans l'hiver figé tout émoi vient se taire;
Meublant le choeur désert, seul un antiphonaire
Fait visiter les lieux, car est mort le bedeau,
Et le Chapitre aussi, Fabrique du joyau
Qui port d'éternité est huit fois centenaire.
Mais voici que s'anime un monde merveilleux,
Personnages de chêne ou gnomes malicieux,
Nés de l'art des huchers, des entailleurs d'images.
C'est Marie à Cana, et ce sont les Rois Mages,
Joseph et Pharaon au temps des égyptiens,
C'est la Bible et l'été dans les Stalles d'Amiens
Le touquet le 17/02/2018
Quand les stalles chantaient les psaumes quotidiens,
La marance mettait le chanoine à l'amende,
Qui trop tard rejoignait le choeur à la demande
Du guidon annonçant les offices d'Amiens.
Derrière le jubé, caché des paroissiens,
Le chapitre régnant, nourri de la prébende,
Dès Laudes remplissait son église si grande
De répons en latin et de chants grégoriens.
De ces temps d'autrefois, ne reste que la trame,
Et l'art des entailleurs qui y ont mis leur âme,
Sculptant le mobilier comme un grand livre ouvert.
Alors, dès que la cloche appelle à la prière,
Tout un peuple de bois, vivante fourmillière,
S'anime et reprend le choral en concert.
Le Touquet le 18/02/2018
Cette nave gothique est d'une architecture
Dont l'arc est le pivot: formeret ou doubleau
Boutant ou bien voussoir, royaume du claveau,
Et qui lance l'ogive en haut de la structure.
La nef a pour couronne un haut mur gouttereau
Et deux barlongues tours contrebutent en bordure
L'arrière du château en poupe de vaisseau
Rayonnant dans un style où il a fière allure.
Sa proue est au chevet, sa mature est de gré,
Sa voilure un vitrail à l'étrave intégré,
Qui au soleil levant de mille teintes brille.
La force des arceaux qui entourent sa quille,
Fait jaillir dans le ciel, porté par trois palmiers,
Comme un trait de génie au dessus des larmiers.
Proyart le 20/02/2018
La route qui joignait Luzarches et Cormont
Délaissant Honnecourt passait en Picardie.
Cétait au temps d'Auguste, âge qu'on répudie,
Où l'homme hortionnait déjà au port d'Amont.
La waide fournissait un bleu qui correspond
A la Vierge sacrée, un bleu que lui dédie
Le chanoine orphelin, car dans un incendie,
Son temple disparu, il en rêve un second.
L'évêque est De Fouilloy et ouvre l'aventure
Qui va sacrer Amiens reine d'architecture
Du style que Suger, fit naître à Saint Denis.
Huit siècles ont passé, les pastels sont ternis,
L'élan s'est patiné, pour cette cathédrale
Mais qui garde à la ville un air de capitale.
Proyart le 21/02/2018
Fuyant le quotidien, la nef au loin m'entraîne
Hors l'espace et l'instant, hors le triste et l'amer
Car ma toile est la voile au vent qui sur la mer
Fait écumer le flot de ma route incertaine.
Mon dessein est tracé, perspective lointaine,
Un point sur l'horizon enchâssé dans la chair,
Dont s'évade l'esprit, ivre comme l'éclair,
Que poursuit le pinceau vibrant à perdre haleine.
Ma cathédrale où donc surgissent les couleurs
Veut cacher à la rose, un petit ange en pleurs
Où sanglote l'effroi d'un solennel silence.
Mon oeuvre est mon vaisseau, fantôme vers l'ailleurs,
Qui vient hanter ma nuit d'artiste rimailleur
Et crée en cette errance un relent d'espérance.
Proyart le 04/03/2018
Quand le mystère hantait jadis le merveilleux,
Avant que naisse un siècle ébloui de lumière,
Quand dans l'obscurité , la vérité première
Offrait à l'âme humaine un éclat silencieux,
Quand la voûte montait vers le plus haut des cieux,
Sa pierre arrondissant la rose vitrière,
Sous l'ogive à genoux, s'élevait en prière,
Des maçons bâtisseurs l'élan prodigieux.
On oublie à présent car incompréhensible
Cet étonnant discours de leur âme sensible
Qui commandait encore hier à la raison.
Tel un musée alors, trône la cathédrale,
Dont les touristes font des clichés en rafale
Et des selfies aussi sans la moindre oraison.
Proyar le 10/03/2018
L'avenir est ouvert et vibre comme une onde,
C'est une toile blanche où rêvent nos amours,
Où se tisse un dessin, s'esquissent des contours.
Il s'effondre en réel dans l'instant qui le fonde.
C'est d'abord un élan, une quête féconde
Qui élève le coeur au faîtage des jours,
Et qui se contrebute aux piliers d'un discours,
Espoir sur l'horizon en point qui corresponde.
Pinacles et culées étayant le projet,
Hissent l'observateur au dessus de l'objet,
Offrant à l'invisible un étonnant hommage.
C'est sur ma toile ici que la pierre s'écrit
En des mots et un verbe incarné dans l'esprit
Cathédrale d'Amiens projetée en image.
Flic En Flac le 16/03/2018
J'ai rêvé d'ajouter, indigne ménestrel
-Chaque siècle laissant sa trace, son empreinte
Chargeant le mobilier ou modifiant l'enceinte-
Sur la Bible d'Amiens un texte personnel.
Or je ne suis Blasset, Le Duc ni Tarisel,
Ni Christophle paré de Gloire en demi teinte
Bloquant la perspective en lui portant atteinte,
Ni Turpin l'antailleur au don exceptionnel.
Discret et virtuel est ce que j'y veux mettre,
Pour remplacer les rois, trop lassés d'apparaître,
En balcon où fleurit la rose d'occident.
C'est Bouddha, Platon Eckhart que je propose,
Jung, Bergson aussi et tout penseur qui ose,
Rejoindre le beau Dieu en chemin concordant.
Flic En Flac le 18/03/2018
Les trois porches sculptés en un texte imagé
Statuaire splendide ont des courbes caudines,
Forçant le mécréant sous le joug des doctrines
A incliner le front au gré de son clergé.
Par ces têtes en rang, je me sens dérangé,
Tableau figuratif aux scènes célestines,
Tout y est asséné en vérités divines,
De lampe pas un cul ne peut être changé.
Heureusement la haut, s'épanouit la voûte,
Où se vit l'harmonie en un credo qui doute,
Car il n'est plus qu'émoi, indicible beauté.
Dans cet élan sacré, alors s'ouvre la route
De l'esprit en recherche et de l'âme à l'écoute,
Aimant la tolérance et la diversité.
Flic En Flac le 20/03/2018
Dans l'assise de bois des chanoines d'Amiens
De geste la chanson des imagiers s'égraine
Sous les dais flamboyants emmêlant leur antienne
Apocryphes reliefs de testaments anciens.
Un panneau réjouit la stalle des doyens:
Au coeur d'un jardin clos, où coule une fontaine,
Un poème fleurit comme le lys en plaine,
Et l'art dépasse ici les pieux dogmes chrétiens.
Le cantique célèbre un précieux spéculaire,
Une porte du ciel, matinale et stellaire,
La tour et la cité, la lune et le soleil.
Ce chêne enluminé à la bible pareil
Sculpte la vérité tant que l'imaginaire,
Les huchiers mélangeant la gouge et le rosaire.
Flic En Flac le 21/03/2018
Les yeux en cet endroit s'élèvent tôt ou tard,
La raison et l'émoi viennent croiser leur route
En joignant leur ogive au sommet de la voûte
Et ouvrent d'une clef le chemin du regard.
Puis l'âme accompagnant le vécu de cet art,
Ressent dans cette pierre une force dissoute
Montant dans le pilier que l'arche contreboute,
Et qui transmute en or le métal de départ.
Comme dans l'alchimie au sein d'un égrégore,
La divine harmonie en ce lieu s'élabore,
Sur un axe tracé reniant le hasard.
L'encens vient colorer l'esquisse de son nard
Quand l'orgue la transcrit de sa plume sonore
Fleurissant mon sonnet avec la métaphore.
Flic En Flac le 22/03/3018
Au portail saint Firmin, il y a un mendiant.
On doit passer devant au gué d'un sombre porche
Pour entrer dans ce lieu que sa présence écorche,.
Côtoyer cet exclus est ma foi contrariant.
J'étais venu chercher dans ce havre édifiant
Cette sérénité émanant de la force
Qui monte des piliers, sève sous leur écorce,
Quand mon coeur hoqueta, sorti du charme ambiant.
Suscitant la pitié, ce malin nous extorque!
Mais face au miséreux, ma conscience rétorque
Qu'on fête en ce pays l'acte de saint Martin.
Et que ce temple donc, si riche je l'accorde,
Fut voulu par Jésus, et sa miséricorde,
Comme maison du pauvre, abri du clandestin
Flic En Flac le 23/03/2018