1999-2011 Galerie initiale
Resurrexit
Mon champ aux corbeaux
Ma peinture est un champ où besoin et devoir
Sèment avec passion et sans parcimonie
Des épis récurrents ; point de monotonie,
Quand les grains d'absolu se laissent percevoir.
C'est un cri déchirant de révolte et d'espoir
Qu'il me faut habiller de forme et d'harmonie
Pour en faire un langage et une symphonie,
Que l'on puisse écouter comprendre et recevoir.
Je donne un sens d'abord, la couleur vient ensuite,
En lignes que je tends vers les trois points de fuite,
Univers déformé et parfois étouffant.
Vouloir faire joli, ah l’ennuyeuse chose!
Passionné combattant, la peinture que j'ose
Est un champ aux corbeaux, pensif mais triomphant.
Juin 2004
La flêche et la tour
Ce qu'un homme a cru voir.
J'ai cru voir dans le ciel des lignes qui se tendent,
Qu'une force tirait tout là haut vers un point
Fuyant vers l'horizon que l'infini rejoint,
J'ai cru voir un chemin, j'ai suivi ma légende.
J'ai vu ma cathédrale où l'esprit se transcende
Et peignant ce sujet en modeste témoin,
J'ai senti un élan, un nouveau jour qui point;
C'est ce que j'ai cru voir et que mes toiles rendent.
Le grand œuvre entrepris n'est jamais achevé,
Mais tout en bâtissant on peut sculpter sa vie
Dans la pierre des tours, des arcs et du chevet.
Écrivant de mes traits, un matin dans le soir,
J'ai voulu exprimer, répétant à l'envie
La lumière et l'espoir, ce qu'un homme a cru voir.
Novembre 2004
Luc

Les Bibles d'Amiens
20F mars 2005 opus 169
Arc et flêche


Et ascendit
30F opus 180 2005 modifié par la suite
L'escalier de la flêche
Le grenier de Notre-Dame
Nous voici au sommet, dans un sombre grenier,
Immense et silencieux, solennel et intime,
Dont la profondeur noire évoque quelque abîme,
Dans le ciel, oublié, par un vieux charpentier.
On lit entre les pannes, le texte régulier,
De voûtains enjambés, par l'entrait où s'arrime,
La ferme divisant, l'espace de sa rime,
Que rythme obliquement, chaque arbalétrier.
Vers le faîte exigu, deux rangs de contrefiches,
Supportent de leurs bras, l'ensemble où s'affiche,
La solide impression de forces en action.
Tu es lieu singulier, grenier de Notre Dame,
Dans ta complexe trame éveillant l'émotion,
Pour peindre ou versifier... Tu ressembles à mon âme !
Proyart le 31 mai 2006
Le soleil est levé
Quand usé par les ans, et tout son corps l'atteste,
Le maçon reposait, son parcours achevé
A travers la famine et la guerre et la peste,
Dans un frais cimetière, à l'ombre du chevet,
Loin au dessus de lui, sous la voûte céleste,
Se poursuivait le plan, par un maître rêvé
De l'ouvrage entrepris, d'une pierre si leste,
Qui s'était de son sang quelque part abreuvé.
Mais plongeant ses racines en son tertre funeste,
La cathédrale offrait, au défunt bâtisseur,
L'hommage de son art, sublime intercesseur,
Pour hisser dans le ciel cet ouvrier modeste,
Dont le temps de souffrance avait été grevé:
Viens, dit elle, au sommet, le soleil est levé.
Proyart , Amiens le 01 et 02 mai 2008
Le pauvre fou d'Auvers.
Tourbillons, vague jaune et le soir qui descend
Le soleil qui s’embrase et la nuit décimée,
Où chaque ombre se tord, par la peur animée,
Nœuds et troncs d'oliviers, rameaux rouge de sang..
Ce n'est pas des sujets qu'a reproduit Vincent.
Pas plus fleur que corbeau , visage de l'aimée,
Personnage ou portrait à l'oreille abîmée,
Quand son pinceau hurlait comme un diable grinçant.
C'est l'angoisse de l'homme, écrasé mais vivant,
Qu'il jeta sur ses toiles, au regard des étoiles,
Révolté, épuisé et l'esprit dérivant.
Le souffle de son art, en déchirant nos voiles,
A conquis des humains le cœur et l'univers,
Car il sut leur parler, ce pauvre fou d'Auvers.
Harbonnières le 04 05 09